Pour un jeune homme quittant son pays natal, la République Démocratique du Congo, dans le but de poursuivre ses études à l’étranger, l’île Maurice représentait un tout nouveau défi. Non seulement devais-je m’adapter à un environnement académique différent, mais également faire face à l’éloignement de mes racines culturelles et spirituelles.
La pandémie de Covid-19, qui sévissait alors, n’a fait qu’ajouter à l’isolement ressenti lors de mes premiers mois sur le sol mauricien. Les lieux de culte étant fermés, c’est sur Internet que je me suis tourné pour nourrir mon âme, suivant assidûment des messes diffusées en direct sur YouTube. Un pâle substitut, certes, mais qui me permit de garder un lien avec ma foi. Quelle ne fut pas ma joie lorsque, les restrictions s’étant légèrement assouplies, des amis m’apprirent l’existence de l’église Saint-François d’Assise à Pamplemousses, située non loin de l’université ! Pouvoir à nouveau assister physiquement à l’office divin était une véritable bénédiction après ces longues semaines de dévotion virtuelle.
Une chance supplémentaire résidait dans le fait que les célébrations se déroulaient en français et créole, deux langues issues de mon bagage culturel que je maîtrise. Le créole mauricien présentait certes quelques différences avec le français, mais retrouver ces sonorités familières en terre étrangère m’apporta un réconfort immense. Mes camarades anglophones, en revanche, peinaient à saisir le sens profond des rituels.
Ce fut une joie non dissimulée lorsque le père Grégoire, prêtre attentionné, se mit à délivrer ses sermons dans les deux langues par souci d’inclusion pour tous. Un geste d’ouverture qui, je l’espère, aura semé les graines de la compréhension mutuelle dans les cœurs de notre communauté cosmopolite.
C’est au cours de cette période que mon ami d’enfance David Shamavu, lui-même lecteur attitré à la paroisse, m’introduisit au groupe des servants d’autel. Ayant déjà officié dans cette fonction depuis l’âge tendre de 10 ans, dans la chaleur familière de ma ville natale de Goma, je fus ravi de pouvoir poursuivre ce ministère si cher, en dépit de l’éloignement géographique. Une nouveauté de taille m’attendait cependant : contrairement à mes expériences précédentes, des demoiselles faisaient ici partie intégrante de l’acolytat. Un enrichissement indéniable, qui ne put que m’ouvrir à davantage de tolérance et d’acceptation de la différence.
Ce chemin n’a pourtant pas été exempt d’embûches spirituelles. L’éloignement, la barrière linguistique résiduelle, l’immersion dans une culture différente, tant de défis à relever au quotidien. Mais c’est un parcours qui, je peux l’affirmer, a significativement renforcé et affirmé ma foi. Portés par une fraternité chaleureuse et bienveillante, chacun des membres de la communauté paroissiale a apporté sa pierre à l’édifice de mon épanouissement spirituel au sein de cette admirable église Saint-François d’Assise.
À l’aube de cette nouvelle étape dans ma vie d’étudiant étranger, je ne peux que me réjouir d’avoir trouvé au cœur de l’île Maurice ce havre de paix et de recueillement. Et, pour conclure ces quelques mots, une prière :
« Seigneur, Permets que cette communauté rayonne telle une étoile, un phare spirituel où tous les peuples peuvent se réunir pour célébrer Ta gloire dans l’harmonie de la diversité. Eclaire nos cœurs et nos esprits afin que nous poursuivions notre marche sur le chemin de l’amour, de l’acceptation et de la tolérance mutuelle. Amen. »
Pacifique Rubasha
Servant d’autel